High school lover, playground love

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La tête appuyée sur la fenêtre, un magnifique panorama d’un blanc immaculé défile sous mes yeux, alors que le train file d’une cadence mesurée sur la voie ferrée. C’est un dimanche après-midi glacial, où le ciel n’a jamais paru aussi bleu, où le soleil est à son zénith, réfléchissant délicatement sur la neige fraîche qui recouvre les arbres se dressant sur le chemin. C’est le calme avant la tempête. Je distingue le reflet d’un visage affichant une mine chagrinée sur le châssis, qui n’est nul autre que le mien. Suffisait d’un battement de cil et les larmes se sont mises à déferler. De joie, de soulagement, de mélancolie, de surprise, de regret, d’exténuation, une terrible intuition…  je l’ignore encore. Un spectre d’émotions en branle, tout comme les nombreuses sphères de ma vie.

Bientôt, j’aurai un an de plus. Et lorsque j’examine ce qui s’est tissé les dernières années, je réalise que malgré tous les bouleversements, les rêves, les espoirs et les projets, je baigne dans cette perpétuelle phase d’incertitude qui me semble aussi longue que l’éternité. Suffisait d’une escapade de deux journées et deux nuits se résumant à la quintessence même de la perfection pour réaliser cela. Je ne sais toujours pas ce que je désire, mais du moins, je sais ce que je ne veux pas dans la vie.

Dans des moments d’ambiguïté comme celui-ci, je trouve refuge dans mon bouquin favori au parfum de café au lait, aux pages tourmentées et usées par le temps. Un livre de poche que je traîne partout où je vais, dont je pourrais presque citer des passages de mémoire. Les vierges suicidées, de Jeffrey Eugenides, est un baume pour le cœur. Si poétiquement bien rédigé, que n’importe qui aurait pu le transposer au grand écran : Sofia Coppola se l’est approprié et en a fait sa signature artistique, que l’on retrouvera dans chacune de ses œuvres cinématographiques suivantes.

The Virgin Suicides, le film. Réalisation impeccable.

Petite bourgade de Grosse-Pointe, Michigan, dans les années soixante-dix, où cinq sœurs se donnent la mort, symboles mêmes de l’innocence perdue et du mal-être dans une Amérique en pleine mutation. Vingt années s’écouleront avant que des garçons du voisinage, obsédés et éperdument amoureux des sœurs Lisbon à l’époque, ne réunissent des pièces à conviction pour élucider l’aura de mystère entourant les sublimes et insondables adolescentes. Parcelles de confessions par-ci, ouï-dire par-là, rapports de médecins recueillis, conversations téléphoniques, bribes de souvenirs, ils s’interrogent sur ce qui a bien pu pousser ces beautés fragiles à écourter leur vie. Jeffrey Eugenides dépeint l’adolescence, l’amour et la mort avec une sensibilité et une beauté cruelle, faisant de cet ouvrage un conte lyrique et intemporel.

The Virgin Suicides, le roman. Troublant. Et beau.

Le doux ronronnement du train abandonnant la cité me ballotte tout doucement dans l’univers des filles Lisbon, parvenant à me faire oublier mes propres démons.

The Virgin Suicides, la trame sonore. Exquise.

L.

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