Mark the places in my book with photographs we never took

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Il est bien loin le temps où je m’asseyais à même le plancher, ceinturée de vieilles boîtes de chaussures aux coins écorchés. Ces boîtes de carton regorgeaient de correspondances manuscrites, de cartes postales, de photographies au verso griffonné de petites pensées et daté au crayon Bic, de talismans provenant des machines distributrices à vingt-cinq centimes, mon premier billet de concert dont l’écriture s’est graduellement estompée pour ne laisser place qu’à un bout de papier vierge, des reliquats flétris de ce que j’ai un jour exhibé au poignet un soir de bal à mes dix-sept printemps, des cartes d’identité désuètes, des vignettes en noir et blanc prises dans les photobooth du métro où l’on faisait les pires grimaces – oh, comme on rigolait bien.

Je m’ennuie de cette époque où l’on conservait pêle-mêle des trésors dissimulés sous notre lit ou dans le fin fond de sa penderie, accumulés de la tendre enfance jusqu’au jour fatidique où l’on atteint l’âge majeur. Une boîte garnie de souvenirs dont on pouvait s’y plonger quand l’envie nous prenait. Et si quelqu’un vous concédait à voir LEUR boîte, alors là, vous étiez assuré d’avoir un passeport pour une parcelle de leur existence qui jusque-là était tenue secrète. À présent, il suffit de voir son News Feed défiler à une vitesse étonnante pour voir combien les temps ont changé. Oui, à l’ère de l’instantanéité et du Photoshop, je m’ennuie de la période où nous n’avions point besoin de téléphones intelligents pour nous retrouver à un point de rencontre, où l’on ne se tournait pas les pouces lorsqu’une panne d’électricité survenait, une époque pas si lointaine où l’on savait encore manier un crayon pour y former de jolis caractères – oh, comme ma calligraphie s’est détériorée depuis que je possède un laptop. 

Récemment, j’ai fait l’acquisition d’une merveille – Diana Mini, s’appelle-t-elle. C’est un appareil photo de fabrication à moindre coût, affublé d’une lentille de plastique et qui nécessite un film argentique. Absolument rien à voir avec les Canon, Nikon et autres engins de pro, et pourtant, c’est ce qui fait toute son apothéose.

Les photos prises sous l’objectif de Diana sont floues, sujettes aux expositions multiples et les couleurs sont fréquemment altérées. Pour certains, ce sont là d’incontestables failles qu’il faudrait gommer. À mes yeux, ainsi qu’à ceux de 350 744 autres personnes, c’est le charme même des lomography. 

 

Peut-être n’est-ce que moi, mais un seul regard sur ces images à l’aspect rétro m’emplit d’une douce nostalgie et me laisse songeuse. Je me fais la promesse de remplir mes vieilles boîtes de souliers à nouveau par des photos croquées sur le vif, immortalisant ainsi des instants anodins de la vie quotidienne.

L.

On aurait pu croire que les clichés proviennent de l’application Instagram pour iPhone, mais ce n’est pas le cas.  

2 Comments

  1. Super lea! Ca m’a aussi plongé dans pleins de beaux souvenirs d’ado!!! Tu ecris vraiment bien!! J’adore!!!!!

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